Les conservateurs en cosmétique

par Nadine | 19 septembre 2019 | Cosmétologie

Aujourd’hui les allégations des laboratoires sur la sécurité de leurs produits ne suffisent plus aux consommateurs qui désirent plus d’informations sur les ingrédients. D’où le succès des différentes applications qui sont supposées aider le consommateur à choisir en toute « sécurité » les bons produits. Cependant ces différentes applications utilisent des critères d’évaluations et de notations propres, ce qui explique qu’un même cosmétique puisse être bien noté sur l’une et décrié sur une autre (Yuka, Cleanbeauty entre autres). Les conservateurs font partie des molécules souvent décriées et responsables de mauvaises notations des cosmétiques. L’amalgame souvent fait entre une substance cancérogène, perturbateur endocrinien, allergisante, polluante ou irritante, ne facilite pas le décodage.

Pourquoi existe-t-il des conservateurs dans les cosmétiques ?

La présence de conservateurs dans les cosmétiques assure la qualité du produit tout au long de son utilisation (soit 36 mois après son ouverture). Un cosmétique contient de l’eau et des nutriments (azote, carbone, vitamines, minéraux) qui constituent un milieu particulièrement propice au développement des micro-organismes. La présence des conservateurs évite les modifications de texture (grumeaux), de changement d’odeur ou de couleur ; et surtout l’induction d’effets indésirables (irritations, eczéma ou surinfection).

Est-il possible de trouver des cosmétiques sans conservateur ?

Oui, certains cosmétiques sont dits « sans conservateurs » pour les raisons suivantes :
– Le conditionnement du cosmétique est sans air : pack airless ou stérilisation du cosmétique avec un packaging qui évite une re-contamination externe.
– Le produit cosmétique est sec.
– Le cosmétique contient de l’eau sous forme gélifiée ou de l’eau ionisée.

Est-ce qu’un cosmétique sans conservateur l’est véritablement ?

Il faut savoir décrypter l’étiquetage ! Un cosmétique étiqueté « sans conservateurs », n’est pas synonyme d’absence de conservateurs : certaines huiles et alcools ont des propriétés anti microbiennes qui en font des conservateurs naturels sans être dans la liste des conservateurs autorisés dans le règlement européen.

Les conservateurs en cosmétique les plus médiatisés

Certains conservateurs ont été particulièrement médiatisés.
Les parabens constitue une famille de conservateurs très ancienne dont certains ont été reconnus comme perturbateurs endocriniens (PEE). Ils ont été interdits depuis 2014 dans la réglementation européenne, et d’autres ne peuvent être utilisés qu’à une concentration maximale autorisée. Les autres parabens restent des bons conservateurs, inodores, biodégradables et peu sensibilisants. Cela montre la nécessité d’évaluer chaque molécule avant de condamner une classe entière.
Le phénoxyéthanol est actuellement très décrié car il serait toxique pour le foie et le sang. Le Comité Scientifique européen pour la Sécurité des Consommateurs (CSSC) a, en 2016, considéré que le phénoxyéthanol utilisé à 1% en tant que conservateur est sûr pour la santé quel que soit le groupe d’âge. En 2018, L’ANSM recommande de ne pas utiliser le phénoxyéthanol dans les produits pour le siège de l’enfant, et conseille de l’élargir aux lingettes.
Les isothiazolinones et en particulier le méthylisothiazolinone (MI ou MIT) a induit de nombreux cas d’eczémas d’où une modification du règlement européen depuis 2014 qui limite son usage aux produits rincés. Les patients qui sont déjà sensibilisés au MIT doivent être vigilants car les cosmétiques ne sont pas la seule source de MT (dispositifs médicaux, produits d’entretien du cuir, peinture à l’eau…).
Les huiles essentielles sont utilisées comme conservateurs dans les cosmétiques dits « naturels »  ou « Do It Yourself ». Or certaines d’entre elles sont des perturbateurs endocriniens potentiels et les parfums restent l’une des premières causes d’eczéma de contact liées aux cosmétiques.

Réf biblio :
Bernier C. Conservateurs dans les cosmétiques : vérités et idées reçues.
Réalités thérapeutiques en dermato-Vénéréologie n°277 décembre 2018


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