L’acné de la femme adulte (AFA) partage certaines similitudes avec l’acné juvénile mais en diffère aussi par sa prise en charge spécifique. Elle nécessite un traitement personnalisé. Le dermatologue adapte sa stratégie en fonction de chacune et du désir éventuel de grossesse. L’acné de la femme adulte occasionne des répercussions importantes sur la qualité de vie.
Quelles femmes sont touchées par l’acné adulte ?
L’acné peut apparaître à tous les âges de la vie, avec une prévalence pour la période de la puberté. Toutefois, on observe une augmentation notable des cas d’acné du visage chez les femmes, âgées de plus de 25 ans. Il s’agit souvent d’acné juvénile, qui continue à l’âge adulte, soit d’une acné qui réapparait, soit, plus rarement d’une acné nouvelle.
Les femmes ménopausées peuvent aussi souffrir de cette pathologie cutanée. Son apparition serait due, en grande partie, à un déséquilibre hormonal, appelé « hyperandrogénie« , qui augmente le taux d’hormone mâle dans le sang. Les lésions de l’acné androgénique partagent ainsi la même localisation que chez les hommes.
De même, l’acné d’origine hormonale, fait partie des manifestations du syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) qui touche les femmes jeunes.
Comment se manifestent les imperfections cutanées dues à l’acné adulte ?
Chez la femme adulte, des lésions acnéiques, dites en « U », de type inflammatoire, occupe la région du bas du visage. Il peut s’agir des joues, de la mâchoire inférieure, du pourtour de la bouche et, plus rarement, du cou. Parfois, la présence de nodules vient s’ajouter au tableau clinique. C’est une forme d’acné qui ne dépasse pas le stade modéré.
Un autre type d’acné, ressemblant à celui des adolescents, peut également affecter les femmes. Cette forme se caractérise par son polymorphisme, à savoir la présence simultanée sur une peau grasse de microkystes, de points noirs, et de lésions inflammatoires telles que des papules et des pustules.
Ainsi, la peau présente à la fois des lésions inflammatoires et rétentionnelles, sur un fond d’hyperséborrhée. Le visage reste le plus souvent touché, mais une atteinte du tronc s’avère aussi fréquente.
Les excoriation sont fréquentes, source de cicatrices pigmentées ( rouges ou marrons, en fonction du phototype).
Quelles sont les causes de l’acné chez la femme adulte ?
De nombreux facteurs se révèlent à l’origine de l’acné féminine, ce qui la rend d’autant plus complexe à traiter. Parmi les principaux, on peut citer l’hérédité, l’immunité innée, les dérèglements hormonaux, venant se superposer à d’autres causes externes.
L’acné était rarement rencontrée chez les femmes adultes plusieurs décennies en arrière. Ce phénomène s’est exacerbé récemment, en parallèle avec les changements de mode de vie.
Le rôle de l’hérédité
L’origine génétique de l’acné semble se confirmer. La prédisposition génétique est retrouvée dans 50% des cas.
Une étude, réalisée sur 8 000 volontaires, suggère que sa présence chez l’un des parents augmente le risque de son apparition chez l’enfant. Ce risque s’avère légèrement supérieur si la mère est atteinte.
Une méta-analyse de 2021 a également mis en exergue le rôle de certains gènes sur le développement de l’inflammation, et leur influence sur les glandes sébacées.
Une autre étude, concernant cette fois un panel de femmes, âgées de plus de 25 ans, a corroboré cette possible origine génétique de la maladie. En effet, 67 % des participantes avaient mentionné l’existence d’un parent acnéique au sein de leur famille.
Hypersensibilité aux androgènes
Les androgènes jouent un rôle majeur dans l’acné de la femme adulte avec une hypersensibilité des récepteurs aux androgènes. On note aussi l’aggravation des poussées en période pré menstruelles chez 60 à 70% des femmes.
Le stress et le manque de sommeil
La vie urbaine expose l’organisme à de multiples sources de stress : bruit, pollution atmosphérique et lumineuse, longs trajets entre le travail et le domicile, etc. Cet ensemble de facteurs peuvent aggraver l’acné.
Les femmes y sont particulièrement exposées, en raison du cumul des activités professionnelles et de la vie de famille. La qualité et la durée de leur sommeil risquent alors de s’en trouver altéré. Or, des chercheurs américains ont émis l’hypothèse d’un lien probable entre la sévérité de l’acné et le manque de sommeil.
Les habitudes alimentaires
La responsabilité de l’alimentation dans l’aggravation de l’acné est régulièrement évoquée. Des études cliniques ont pointé l’impact des aliments à index glycémique élevé sur les poussées d’acné. La consommation de produits riches en graisse ainsi que la celle de lait a aussi été évoquée.
La contraception hormonale
Les pilules contraceptives de 2e génération, qui contiennent un progestatif androgénique de synthèse, peuvent provoquer l’apparition d’une acné. Elles restent, toutefois, toujours prescrites, notamment pour les femmes présentant des risques accrus de thrombose.
Quels sont les traitements possibles ?
La réalisation d’un bilan hormonal n’est pas nécessaire sauf si des signes évocateurs de SOPK existent.
Le dermatologue opte pour une stratégie personnalisée en fonction de la sévérite de l’acné mais en tenant compte aussi du désir ou non de grossesse. Le traitement s’oriente toujours vers une prise en charge globale et personnalisée de la maladie. Il tient aussi compte de la répercussion sur la santé psychologique des patientes.
Par ailleurs, l’acné post-pubertaire de la femme se distingue par son caractère récidivant, ainsi que par sa résistance aux différents traitements ; un traitement d’entretien avec des soins adaptés est souvent nécessaire.
L’adhésion active des patientes au programme thérapeutique constitue une condition essentielle pour obtenir un résultat. À cet effet, les dermatologues tiennent compte de leurs souhaits et de leurs préférences.
La stratégie thérapeutique à appliquer dépend du degré de gravité de la maladie. Concernant les formes très légères à légères, pour lesquelles les comédons prédominent, le dermatologue prescrit un traitement topique à base de peroxyde de benzoyle et/ou de rétinoïdes, ou d’ adapalène d’adapalène.
Des séances régulières de nettoyage de peau dermatologique, effectuées en cabinet du dermatologue, traitent les problèmes de rétention de sébum et raccourcissent la durée d’évolution de ce type d’acné. Ils évitent la surinfection des microkystes en lésions inflammatoires. En entretien, on peut proposer des séances d’Hydrafacial®.
Ces soins conviennent également à l’acné de type papulo-pustuleuse. Le dermatologue peut être amené à ajouter un traitement par voie orale. Il prescrit alors des antibiotiques de type cycline mais en cure limitée dans le temps afin d’éviter les résistances du C.propioni bacterium acnes. Une nouvelle cycline est en cours de développement dans l’acné.
Les lésions inflammatoires et les cicatrices d’acné peuvent aussi être traitées par des séances laser/lampe flash vasculaire plateforme Nordlys.
L’isotrétinoïne sera réservée aux formes sévères de l’acné. Ce type de traitement est contre-indiqué pour les patientes qui désirent une grossesse.
Des traitements alternatifs efficaces sont possibles. Le traitement par photothérapie dynamique, Alafast, permet en 3 à 4 séances de traiter les lésions inflammatoires et les cicatrices superficielles laissées par d’anciens boutons.
Dans le cas de poussées d’acné en rapport avec les cycles menstruels, la contraception proposée s’oriente vers les estro-progestatifs à faible activité androgénique comme les pilules de 3e génération et plus.
Un autre traitement peut être essayé en deuxième intention. Il s’agit de la spironolactone, un diurétique utilisé dans le traitement de l’acné car il possède une action anti-androgène. L’efficacité du traitement survient après un temps de latence. La spironolactone se révèle particulièrement efficace sur l’acné de la zone mandibulaire. Son utilisation pour cette dermatose reste possible, mais reste hors de l’autorisation de mise sur le marché (AMM).
Les traitements locaux prescrits par le dermatologue sont souvent asséchants. Le dermatologue préconise toujours une routine cosmétique adaptée qui prend en compte certaines spécificités cutanées comme la présence de couperose ou d’une déshydratation cutanée (on peut avoir la peau grasse et déshydratée). Une analyse cutanée complète, grâce aux outils de métrologie cutanée, est systématiquement effectuée dans les centres DermoMedicalCenter. Pour éviter l’apparition de cicatrices gracieuses, il est aussi recommandé d’éviter de manipuler les boutons, comédons ou points noirs.
L’emploi des traitements médicamenteux entre dans une stratégie globale. Celle-ci comprend également une préconisation cosmétique appropriés aux peaux acnéiques mais aussi l’identification de facteurs d’entretien, notamment ceux concernant l’hygiène de vie (stress, alimentation, entre autres).