Vitiligo : tout savoir sur les causes et traitements

Par Véronique, validé par notre dermatologue Dr Nadine Pomarède | 3 octobre 2022 | Dermatologie

Le vitiligo touche entre 0,5 % à 2 % de la population mondiale. C’est la cause la plus fréquente de dépigmentation de la peau. Cette anomalie de la pigmentation induit un retentissement psychologique majeur sur la qualité de vie des personnes surtout quand le visage est atteint. Ses causes sont maintenant mieux connues et il existe aujourd’hui des traitements, capables de stopper les poussées de la maladie dans 90% des cas et permettant la repigmentation de la peau.

Qu’est-ce que le vitiligo ?

Le vitiligo est une maladie auto-immune chronique, évoluant par poussées. Le vitiligo se caractérise par l’apparition de taches blanches, dépigmentées sur la peau, aux dimensions variables. Ces taches correspondent à une dépigmentation cutanée, et se répartissent généralement de manière symétrique sur les zones touchées.

Il existe différents types de vitiligo. La forme de vitiligo la plus répandue, le vitiligo non segmentaire, s’installe progressivement et évolue par poussées avec une atteinte beaucoup plus tardive de la pigmentation des poils. Le vitiligo survient généralement entre 10 et 30 ans mais peut débuter dans l’enfance. Les taches de vitiligo peuvent affecter à la fois le visage et le corps. Sur le visage, le vitiligo est surtout localisé autour de la bouche, des yeux, du nez et du menton. Sur le corps, la maladie touche le plus souvent les zones soumises à des traumatismes fréquents (pression, friction) comme les mains, les pieds et les genoux, les aisselles ou sphère anogénitale et la région de l’aine. Les rechutes après traitement sont fréquentes. Ce trouble de la pigmentation se manifeste parfois par la présence d’une tache unique, allongée, c’est le vitiligo segmentaire. C’est une forme plus fréquente chez les enfants. Il arrive, dans de rares cas, que la maladie envahisse pratiquement toute la surface corporelle, y compris le système pileux. On parle alors de vitiligo universel. En fonction de l’importance de sa répartition au niveau du visage, la dépigmentation cutanée peut réellement défigurer les personnes, atteintes par cette maladie. Pour les peaux foncées, les dommages causés sur l’apparence seront encore plus graves, du fait de la visibilité accrue des taches. D’une manière générale, le vitiligo impacte très notablement la vie sociale des patients.

Comment attrape-t-on le vitiligo ?

Le vitiligo ne « s’attrape pas » car ce n’est pas une maladie contagieuse. C’est une maladie auto-immune. Le risque de présenter un vitiligo est lié fortement à une prédisposition d’origine génétique, dans 80 % des cas et à des facteurs environnementaux dans 20% des cas. Ainsi, les familles, dont un ou plusieurs membres ont été touchés, risquent de voir apparaître d’autres cas par la suite. Le vitiligo n’est pas contagieux et ne provoque pas de démangeaisons. On ne connaît pas encore les causes exactes de sa survenue. Cette dépigmentation cutanée s’explique par une disparition de mélanocytes, ces cellules responsables de la couleur de la peau et des poils, sur certaines zones de la peau.

Qu’est-ce qu’une maladie auto-immune ?

Normalement, en produisant des anticorps, le système immunitaire se charge de défendre le corps contre les agents infectieux, provenant de l’extérieur. Pour des raisons complexes, celui-ci peut se dérégler et prendre certaines cellules de l’organisme pour cibles. Le vitiligo fait partie des pathologies auto-immunes. Il résulte d’une interaction complexe entre l’épiderme qui abrite les mélanocytes et le système immunitaire et qui aboutit à la perte des mélanocytes.

Comment savoir si l’on est atteint de vitiligo ?

Le vitiligo peut survenir dès l’enfance, et ceci dans 30 % des cas. Le vitiligo généralisé ou non segmentaire, la forme la plus communément rencontrée, se développe lentement et évolue de manière instable, selon différentes phases. À chacune de ces phases, correspond un traitement spécifique. Le système pileux sera atteint plus tardivement. Le diagnostic de vitiligo est assez aisé devant ces plaques décolorées caractéristiques. Cependant, en cas de doute, pour éliminer en particulier une mycose, le médecin procède à un examen des taches à l’aide d’une lampe de Wood pour discerner la nature exacte des zones de dépigmentation.

Doit-on faire des examens si l’on est atteint de vitiligo ?

Bilan de la thyroide

La forme de vitiligo la plus fréquente est classiquement associée des dysfonctionnements de la glande thyroïde : 25% des patients avec un vitiligo feront une thyroidite auto-immune au cours de leur vie ( thyroïdite d’Hashimoto ou maladie de Basedow). Un bilan de la thyroïde avec le dosage anticorps anti-thyroperoxydase et anti-thyroglobuline est effectué lors de la première consultation.

Questionnaire e qualité de vie DLQI

Il s’agit d’un questionnaire qui vise à évaluer l’impact du vitiligo sur la qualité de la vie des patients. Ce questionnaire peut être répété à intervalles réguliers pour vérifier l’intérêt de la prise en charge thérapeutique.

Comment faire disparaître le vitiligo ?

L’évolution du vitiligo est souvent imprévisible mais il y a un traitement propre à chacune de ces phases. Le potentiel de repigmentation varie selon le type de lésions mais on peut considérer que plus le traitement des lésions de vitiligo est précoce, plus les chances de repigmentation sont grandes.

Le traitement du vitiligo vise plusieurs objectifs. Il s’agit d’abord de bloquer la dépigmentation en stoppant la perte en mélanocytes ; ensuite de regigmenter les plaques de vitiligo en prévenant toujours le patient.e que le processus est long ( entre 5 à 24 mois en moyenne) et surtout de prévenir les récidives.

Au moment de sa phase active, le vitiligo nécessite une prise en charge rapide, afin d’espérer pouvoir obtenir une repigmentation de la peau lésée.

La photothérapie UVB à spectre étroit, un traitement efficace

Sans les UV, naturels ou en cabine dermatologique, il est quasiment impossible de repigmenter un vitiligo. La photothérapie UVB à spectre étroit (TL01) demeure le traitement de choix du vitiligo à toutes les phases de la maladie. Cette photothérapie UVBTL01 est le plus souvent prescrite en association avec des traitements en crèmes ou en comprimés. Il s’agit cependant d’un traitement contraignant nécessitant 2 à 3 séances par semaine pendant plus de 9 mois généralement.

Il existe désormais des lampes UVB à spectre étroit disponibles sur internet que peuvent utiliser des patients à domicile pour des vitiligos localisés. Attention, toutefois à bien respecter le mode d’emploi afin d’éviter des effets secondaires à type de brûlures non négligeable.

Les crèmes immuno-suppresseurs, en complément des UV

Pour une efficacité optimale, on associe les UVB à un traitement local, le plus souvent des crèmes immuno-suppresseurs cutanés, comme le tacrolimus ou le pimecrolimus, qui sont pour le moment toujours AMM malgré toutes études qui confirment leur intérêt. Ces crèmes sont appliquées principalement sur le visage.

Les crèmes aux corticostéroïdes, en complément des UV

Combinées à la photothérapie, les crèmes à base de cortisone constituent l’un des traitements les plus souvent prescrit sur les plaques du corps.

Les compléments alimentaires en complément des UV

Plus récemment, une étude a démontré que la prise de compléments alimentaires, à base d’anti oxydants de type SOD (Super Oxyde Dismutase), en association avec les UVB a permis une repigmentation deux fois plus rapide des paques de vitiligo.

L’exposition au soleil, une autre alternative

L’exposition solaire peut être proposée pendant la période estivale. Le traitement consiste à s’exposer 3 ou 4 fois par semaine, en respectant toutefois le protocole préconisé par le médecin. Il s’agit d’une exposition très progressive des plaques : on débute avec 5 minutes d’exposition sans protection solaire, en dehors de la tranche horaire de 12 à 16H ; en raison du risque de coup de soleil.

Les patients, présentant un vitiligo n’ont pas plus de risque de développer un cancer de la peau. Il n’y a pas, non plus de risque supplémentaire avec la photothérapie UVB spectre étroit associée ou non aux immuno-suppresseurs locaux.

Le laser Excimer, une option plus onéreuse

Le laser Excimer qui émet un faisceau monochromatique dans le spectre des UVB (308 nm) permet un ciblage plus précis des zones à traiter par rapport aux UVB L01. Il peut être intéressant pour traiter de petites plaques de vitiligo. Ses résultats s’apparentent à ceux obtenus avec la photothérapie UVB à spectre étroit, et son coût se révèle plus élevé.

La greffe de cellules pigmentaires

Le traitement par greffe mélanocytaire s’adresse plus spécialement aux patients, après échec du traitement médical et seulement pour des vitiligos stables depuis au moins 1 an et localisés ou pour des vitiligos segmentaires. Différentes techniques existent aujourd’hui qui permettent d’effectuer ces greffes en cabinet.

Les produits cosmétiques, une solution d’appoint

Les taches dépigmentées de vitiligo se révélant inesthétiques, il est tout à fait légitime de vouloir les masquer. On dispose actuellement de nombreux produits couvrants et de maquillage médical correcteur, sans transfert de la couleur sur les tissus permettant aux patient.es de cacher les taches dépigmentées et d’obtenir un résultat esthétique qui améliore considérablement leur qualité de vie.

Eviter les traumatismes

La peau, atteinte de vitiligo, présente une sensibilité particulière aux traumatismes, même les plus légers qui peuvent induire de nouvelles plaques ou les aggraver. On évite aussi le port de vêtements trop serrés.

Quels sont les nouveaux traitements à l’étude ?

Les recherches sur le vitiligo ont permis une meilleure compréhension des raisons de sa survenue. Ainsi, les inhibiteurs oraux et topiques de Janus Kinases (JAK) représentent une réelle avancée. Récemment autorisé par la Food and Drug Administration (FDA), le traitement par ruxolitinib, un anti-JAK sous forme de crème, a donné de bons résultats.

Ceux-ci ont été constatés au cours d’une étude de phase 2 en double aveugle, réalisée en milieu hospitalier aux USA. Le ruxolitinib n’a pas encore reçu l’approbation de l’Agence européenne des médicaments.

Pour conclure, le vitiligo ne met pas la santé physique en danger mais elle altère l’estime de soi et le rapport aux autres à tel point qu’une prise en charge psychologique peut être utile. Le vitiligo est une maladie qui se soigne et les traitements doivent être proposés aux patients le plus précocement possible.


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Véronique Michelan

Rédactrice experte santé

Passionnée par la santé et les solutions beauté bio et naturelles, Véronique a créé son propre blog pour mettre ses connaissances et découvertes à disposition de tous et toutes. Véronique rédige des contenus santé depuis 2 ans pour DermoMedical Center, avec l'aide de l'équipe médicale du centre."

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