2 millions de personnes seraient touchées par le psoriasis en France. Quand cette dermatose affecte les femmes, elle réclame une prise en charge adéquate lors de la grossesse et après l’accouchement. Affection inflammatoire chronique de la peau, le psoriasis est une maladie qui se caractérise principalement par une éruption de plaques rouges squameuses sur certaines zones du corps, à savoir :
- les coudes et les genoux
- le cuir chevelu
- les ongles
- le sacrum
La maladie peut atteindre d’autres régions et toucher également les articulations, on parle alors d’arthrite psoriasique.
Le psoriasis : une maladie plus pénible pour les femmes
Chez les femmes, les effets de cette pathologie se révèlent particulièrement difficiles à vivre. En effet, le psoriasis a un retentissement esthétique majeur dans une société dans laquelle avoir une belle peau, prend une place de plus en plus importante. Les lésions de la maladie abîment l’image corporelle et engendrent des complexes physiques surtout si les plaques sont situées sur des zones découvertes.
Impact social, source de mal-être pour la femme enceinte
Les placards psoriasiques peuvent profondément bouleverser les relations humaines, étant parfois pris, par ignorance, pour une dermatose contagieuse ou un signe de négligence. Il faut alors rassurer l’entourage et se justifier. Le psoriasis peut être un obstacle à l’épanouissement dans certains aspects de la vie quotidienne, dans la sphère intime des femmes et leur vie professionnelle, avec en définitive un sentiment de stigmatisation et de repli sur soi.
Le stress et les conduites addictives, facteur aggravant du psoriasis
L’impact esthétique et relationnel lié au psoriasis est à l’origine d’un vécu émotionnel négatif, notamment l’apparition de stress, d’anxiété et/ou de dépression. Le caractère parfois imprévisible de l’éruption de plaques de psoriasis est aussi une source de stress. Il peut conduire à la consommation de substances addictives comme le tabac, l’alcool et/ou de tranquillisants. Ceci installe les femmes atteintes de psoriasis dans un cercle vicieux puisque l’anxiété, le tabac et l’alcool sont, parmi d’autres causes, des facteurs déclenchants ou aggravants du psoriasis, induisant une éruption de plaques.
Une grossesse sous surveillance
50% des femmes atteintes de psoriasis voient leur atteinte cutanée s’améliorer durant leur grossesse en raison notamment de modifications du système immunitaire survenant durant cette période. Ces mêmes modifications peuvent occasionner une résurgence du psoriasis chez d’autres femmes. Par ailleurs, des travaux ont révélé une augmentation du risque de voir apparaître des cas d’hypertension artérielle et de diabète pendant la grossesse. Avec un risque que cela implique pour le fœtus. L’état inflammatoire et certains traitements anti-psoriasiques seraient une possible piste d’explication. De plus, certains traitements prescrits pour le psoriasis sont contre-indiqués pour le fœtus ou doivent être modifiés pendant la grossesse et après l’accouchement s’il y a un allaitement. Une femme enceinte atteinte de cette maladie doit donc pour toutes ces raisons bénéficier d’un suivi médical tout au long de sa grossesse et après l’accouchement de son enfant.
Femmes enceintes : comment soigner le psoriasis ?
On dispose de traitements variés pour réduire les effets du psoriasis. Selon l’étendue des lésions, le dermatologue est amené à prescrire un traitement local, accompagné ou pas d’un traitement général dont certains nécessitent une surveillance biologique.
Traitements locaux pendant la grossesse
Pour les atteintes localisées de psoriasis, les traitements locaux peuvent être poursuivis, associés à des émollients et des hydratants. Les soins locaux reposent sur l’utilisation de corticoïdes, sous forme de crème ou de pommade associés ou non à des analogues de la vitamine D3, pour traiter les plaques, localisées sur la peau. En cas de psoriasis du cuir chevelu, on aura plutôt recours à des lotions. Les corticoïdes locaux ne présentent pas de risque pour la femme enceinte.
Grossesse et médicaments contre le psoriasis
On déconseille habituellement de prendre des médicaments contre le psoriasis durant la grossesse. Bien évidemment, ce conseil s’applique quand la dermatose présente une rémission importante pour permettre de s’en passer. Pour les atteintes diffuses de la maladie, immunosuppresseurs (méthotrexate) et les rétinoïdes sont formellement contre-indiqués pendant la grossesse du fait des conséquences sur le foetus. La photothérapie par UVB à spectre étroit est en revanche possible. Concernant les femmes sous biothérapie, une consultation préconceptionnelle est souhaitable afin de faire le point sur la pathologie et son traitement en vue d’une future grossesse. La poursuite de ce type de traitement pendant la grossesse nécessite un avis et un suivi spécialisés, même si les données actuelles s’avèrent rassurantes concernant l’emploi de certaines molécules. Une surveillance biologique est nécessaire.
Le psoriasis diminue-t-il la fertilité de la femme ?
Les recherches, réalisées pour évaluer les effets du psoriasis sur la fertilité, ont abouti à des conclusions divergentes. Néanmoins, il semblerait que les nombreuses répercussions de cette dermatose sur la qualité de vie entraînent des problèmes sur la santé reproductive. Pour plusieurs raisons, il semblerait que le psoriasis entraîne des problèmes sur la santé reproductive : – Tout d’abord parce que la maladie a un impact sur la qualité de vie et sur la sexualité, notamment lorsque l’atteinte concerne la zone génitale. – Ensuite du fait de l’association fréquente du psoriasis à des comorbidités, comme l’alcoolisme, le tabagisme, le surpoids et le syndrome des ovaires polykystiques, elles-mêmes responsables de troubles de la fertilité. Un bilan biologique sera alors nécessaire. – Enfin, selon certaines études, une forme sévère de la maladie pourrait réduire le taux de fertilité et suggèrent un impact négatif du psoriasis sur les fonctions hormonales et ovariennes. D’autre part, l’impact du psoriasis sur la vie quotidienne dissuade les femmes de vouloir fonder une famille à cause du risque pour l’enfant à venir. Elles s’inquiètent, notamment, du bon déroulement de la grossesse et des effets secondaires des traitements. De plus, en raison de l’origine génétique de la maladie, il est toujours possible que l’enfant présente un psoriasis. La maternité chez les femmes souffrant de psoriasis reste tout à fait possible, mais néanmoins délicate pour les formes sévères. D’où l’importance d’avoir un suivi régulier du psoriasis mais aussi de prendre en charge les comorbidités associées. Le médecin adaptera le traitement afin de prévenir d’éventuelles toxicités pour la mère et le bébé.